Dans nos sociétés, la propriété juridique est source de pouvoir absolu sur le bien possédé. Il y a donc une condition préalable indispensable de cette autogestion radicale et immédiate : la propriété collective et égalitaire de la structure. Il s’agit avant tout que la structure n’appartienne pas à quelqu’un d’autre que ceux
qui y travaillent ni qu’elle appartienne plus à certains qu’à d’autres. Il s’agitsurtout de neutraliser toute possibilité de prise de pouvoir extérieure ou intérieure
plutôt que d’assurer à chacun une possession. Se pose bien sûr la question de l’apport des capitaux nécessaires au fonctionnement de l’entreprise : tout le monde n’en a pas les moyens. Cela peut constituer une véritable objection dans nombre de cas. Mais cela ne l’est pas dans nombre d’autres. L’ampleur de l’investissement nécessaire dépend évidemment du type de projet économique. Une activité de service demande moins de capitaux qu’une activité industrielle, mais il est toujours possible de commencer
petit.
Il est bien sûr difficile de définir un seuil précis. Certains ont plus de disponibilités que d’autres. Mais les emprunts existent, aux familles, aux amis, aux banques. Ils
peuvent être remboursés par un prélèvement plus ou moins modeste sur les rémunérations. On peut également commencer
modestement et réaliser une accumulation de capital progressive. Enfin, plus d’un Français sur deux est propriétaire de son logement ; il a souvent pour
cela économisé sur un plan d’épargne logement et emprunté ensuite des sommes importantes. Peut-être certains pourraient s’interroger sur cet indispensable accès à la propriété du logement et sur ce dispensable accès à la propriété de son outil de travail ? Consacrer quelques
centaines d’euros pendant quelques temps à la propriété de son outil de travail peut paraître essentiel et pas hors de
portée. L’essentiel pendant cette période est de veiller à une scrupuleuse égalité de la répartition de la propriété.