Où trouver les fonds nécessaires à la création et au développement des entreprises autogérées ? Une solution possible serait la création d’un organisme national de prêt financé par l’impôt.
Comme l’indique l’un des textes de « l’autogestion en 10 questions » de ce site (A qui appartient une structure autogérée ?), l’autogestion, c’est bien, mais « se pose bien sûr la question de l’apport des capitaux nécessaires au fonctionnement de l’entreprise ». Les solutions proposées (emprunts aux familles, aux amis, aux banques, accumulation de capital progressive par des prélèvements mensuels de « quelques centaines d’euros) ne sont pas satisfaisantes. Passer par les banques, c’est introduire le loup dans la bergerie, économiser ou emprunter quelques centaines ou quelques milliers d’euros, c’est envisageable pour créer une petite entreprise, c’est impensable pour les employés d’EADS ou de Total s’ils voulaient devenir propriétaires de leur entreprise.
C’est pourtant de cela qu’il s’agit. Pour l’instant, l’autogestion reste anecdotique avec quelques milliers de coopératives de producteurs de petite taille. La solution à la yougoslave pourrait tenter certains mais la propriété des moyens de production par l’Etat comporte de nombreux risques : dirigisme, bureaucratie, inertie des travailleurs-fonctionnaires et autres problèmes.
Ce qu’il faudrait, c’est un système permettant de financer toutes les entreprises autogérées, même les plus grandes, sans nationalisations, sans emprunts aux banques et aux capitalistes, et sans demander aux travailleurs plus que ce qu’ils peuvent donner.
Une solution serait de constituer un fonds alimenté par l’impôt. Cet argent serait prêté aux personnes qui veulent créer une coopérative de producteurs (ou développer une coopérative existante).
Cette idée très simple pose toutes sortes de problèmes:
S’il faut que l’impôt finance les coopératives de producteurs, il va falloir l’augmenter, ce qui ne plaira pas aux contribuables. Il faut donc s’interroger sur les moyens de rendre l’impôt acceptable et pour cela le modifier du tout au tout.
Le financement des coopératives de producteurs par l’Etat risque de renforcer encore les pouvoirs de nos dirigeants. Il faut donc s’interroger sur les moyens de rendre ces derniers réellement responsables devant les personnes qui les élisent, donc modifier du tout en tout le système de gouvernement.
Il ne suffit pas de permettre à tout individu de posséder ses outils de travail, encore faut-il qu’il soit capable de les utiliser. Il faut donc s’interroger sur les buts fixés à l’Education nationale et demander à cette dernière de ne pas se contenter de former des élites, mais de donner à chacun l’occasion d’aller jusqu’au bout de ses limites personnelles.
Chacun de ces points soulève de nouvelles questions qu’il ne m’est pas possible d’évoquer ici. J’y ai consacré un livre dont un résumé se trouve sur le site http://genisys.prd.fr/Flatland.html.
Renaud Fortuner
fortuner@wanadoo.fr