Comment être autogéré et efficace ?

Cet article ne sera pas la réponse à cette question, car aux Ateliers de la Bergerette, recyclerie autogérée depuis 25 ans, mais qui a un statut associatif, le débat est lancé!

Cet article ne sera pas la réponse à cette question, car aux Ateliers de la Bergerette, recyclerie autogérée depuis 25 ans, mais qui a un statut associatif, le débat est lancé!

La structure a commencé petit, le partage des tâches et des responsabilités semblaient assez évident apparemmement, mais aujourd’hui nous sommes 15 bientot 16 ! Il devient très compliqué d’être équitable, transparent, et réactif. La dynamique s’essouffle en même temps que vieilli l’équipe, le projet peine à se renouveller.
Le procéssus de décision est pourtant bien fichu à première vue: des commissions thématiques qui comportent chacune un délégué, les délégués se retouvent ensuite entre eux pour mettre en cohérences les questions travaillées en commission et le bilan des commission est effectué chaque mois devant tous les salariés. Un salarié, une voix.

Le temps a provoqué des conflits de personnes latents qui viennent « pourrir » les réunions: dialogue de sourds. Les questions sont débattues mais aboutissent très rarement à un consensus, et donc le temps entre débat et décision devient deplus en plus long ce qui nuit beaucoup à l’activité et au moral des quelques salariés impliqués. Quelques salariés, les fameux délégués prennent en charges par défaut toutes les questions transversales: gestion du personnel, investissements, prospective, sécurité, partenariat. On dérive donc vers une hiérarchie à première vue.
Face à cette déresponsabilisation, les conseil d’administration composés de sympatisants ont jeté l’éponge. Pourtant le bilan des activités et le bilan financier est plus que positif, mais l’humain est notre point faible. Nous sommes donc en plein questionnement sur notre fonctionnement, notre statut juridique, sur l’autogestion…

Le nombre croissant des salariés complique beaucoup l’organisation, car pour chaque question posée il faut tenir compte des 15 avis différents, le débat, la négociation rend de plus en plus lourd le processus de décision.
D’autant plus que le système des réunions, n’est pas nécessairement démocratique, il profite surtout aux personnes qui sont le plus à l’aise pour parler en public et qui ont le plus de répartie, de rétorique… Comment donc organiser la gestion d’une structure à 15 de manière efficace et juste?

L’autogestion de nouveau discutée au PCF ?

Le 19 mai 2006, la Péniche est invitée Place du Colonel Fabien pour parler d’autogestion. Bigre ! L’occasion est belle, nous nous rendons plein d’entrain au siège du PCF.

Le 19 mai 2006, la Péniche est invitée Place du Colonel Fabien pour parler d’autogestion. Bigre ! L’occasion est belle, nous nous rendons plein d’entrain au siège du PCF.

Dans le cadre de 3 journées d’études internationales, co-organisées, pour la France, par « l’Atelier de l’autogestion », Espaces Marx, la Fondation Gabriel Péri, OMOS et de nombreuses revues critiques, sur le thème « Enjeux de civilisation pour le XXIe siècle, Alternatives, émancipations et communisme », Sylvie Mayer (Espaces Marx, PCF), animatrice d’un des 12 ateliers, intitulé « Coopératives, autogestion, nouvelles formes de propriété, de gestion et d’échanges» envoie un mail générique à toutes les scop répertoriées sur le site de la Confédération générale. Nous serons la seule entreprise présente à cet atelier, dont l' »autogestion » n’est pas le seul terme, mais le seul à nous intéresser. Le compte-rendu qui suit est donc volontairement partial.

Ouverture théorique mais dans les clous

Atmosphère détendue dans le hall de l’espace Niemeyer, personne ne vous demande rien, pas de contrôle particulier : la fantasmagorique paranoïa communiste n’a plus court. Nous gagnons le 6e étage pour participer à l’atelier. Une trentaine de personnes sont accueillies de la tribune par Sylvie Mayer (responsable du groupe de travail « Commerce équitable économie sociale et solidaire » du PCF) qui se lance dans un court exposé introductif développant l’idée « d’appropriation sociale ».
Passons sur la mise en scène très peu participative, le propos est plutôt rassurant : « l’idée n’est pas de tout nationaliser, il faut, à côté d’un secteur public à renforcer, des formes d’autogestion par les salariés. Quel statut pour ces entreprises qui ne seront pas des entreprises de capitaux ? Quel statut pour les entrepreneurs salariés ? quel système de régulation des prix ? » (1).

Maurice Decaillot (Université de Marne la Vallée) prend la suite, détaillant les nouvelles formes sociales d’échanges, qui ne sont ni du garantisme, ni la renonciation à l’usage de la monnaie et qui passent par des réseaux d’échanges locaux, le financement équitable, l’accès universel à la culture. « Briser le chantage marchand » passe par le dépassement du salariat, la réappropriation et la réciprocité sociale.
La dernière contribution de la tribune, au nom de l’Observatoire des mouvements de la société (présidé par Pierre Zarka), s’attarde sur les nouveaux concepts de développements et insiste sur le travail idéologique à mener pour « modifier le paysage mental », « produire des rapports sociaux différents et pas seulement une autre production matérielle ». En concluant sur le rôle des médias, qui forgent des représentations politiques contraires « à nos ambitions autogestionnaires », il reconnaît que sa génération s’est un peu désinvestie de la réflexion autogestionnaire, pourtant essentielle en ce qu’elle suppose une « construction par le bas, hors de l’Etat ». La parole est à la salle.

Une entreprise autogérée et 30 militants PCF peu concernés

Exceptée l’intervention d’un syndicaliste bolivien sur la gestion communautaire des ressources en eau et de leurs distributions, la grande majorité des présents dans ne se souciera plus de la thématique, sans parler du terme à proprement parler.
Tous sont militants PCF, se connaissent de longue date et s’appellent par leurs prénoms. L’identité « PC » suffit à les situer, très peu prenant la peine de se présenter professionnellement. Seuls deux intervenants recolleront à la problématique, Isabelle Halary, chercheuse à Reims et Michel Fiant, membre des Ateliers pour l’Autogestion. Ce dernier a rappelé fort justement que l’autogestion n’est pas qu’une forme de délégation du pouvoir (une personne = une voix), mais qu’elle suppose une réelle appropriation du capital, des techniques et de la culture.
Répondant à un militant PCF de l’Indre apparemment soucieux de démocratie actionnariale, Isabelle Halary, auteure d’une contribution sur la mise en réseau pour sortir les Scop de la concurrence, a utilement rappelé qu’il ne pouvait pas sérieusement être opéré de distinction entre la question de la gestion de l’entreprise et celle de la propriété collective du capital.

Une bouteille à la mer ?

C’est donc un brin dépités que demandons le micro pour rappeler simplement qu’il existe ici aussi, et pas seulement en Amérique latine, des entreprises autogérées, que leur souci premier n’est pas d’éviter de se faire avaler par le marché mais de trouver, au quotidien, des solutions au poids des fondateurs, de travailler vraiment horizontalement malgré les spécialisations de fait et les appétences… et qu’il suffit de s’y rendre (2).

Il est 12h30, fin programmée de l’atelier, lorsque nous évoquons l’existence d’autogestion.org. Nous quittons alors la salle avant la levée de la séance, avec le sentiment d’avoir perdu du temps : contrairement aux autres participants « nous avons une entreprise à faire tourner ! ». Malgré l’insistance rhétorique constante aux « pratiques », au « concret », rien de ce que nous avons entendu avait trait directement à l’économie autogérée. Au PC, comme chez les Anar, les Alternatifs ou la CNT, l’autogestion de la production ne semble intéresser au-delà de la douce nostalgie ou de l’affichage.

NOTES

(1) voir sur ce point voir comment Philippe Herzog, l’homme du programme commun, distinguait « nationalisation et étatisation »)

(2) Le mail envoyé à Sylvie Mayer en guise de contribution à l’atelier reprend l’intégralité de l’intervention :

« Bonjour,

Comme vous nous y invitiez, voici notre contribution aux journées d’études du 19-21 mai, en ligne sur le site « autogestion.coop » que nous souhaiterions voir figurer sur Espaces Marx.

Nous sommes une entreprise autogérée. Nous disons bien autogérée. Nous sommes une Scop, mais seulement parce que c’est le statut juridique qui convient le moins mal à notre mode de fonctionnement. Le mouvement des Scop ne s’intéresse pas à l’autogestion, voire est très réticent à son égard. Il s’intéresse avant tout à la démocratie dans l’entreprise et peu à la question de la hiérarchie du pouvoir comme celle des salaires. Il est de plus très préoccupé de son « honorabilité » en matière d’efficacité économique, ce qui l’amène à avoir souvent un discours purement libéral qui ne le distingue en rien du secteur marchand, notamment sur le trop grand poids des charges sociales.
Nous voudrions simplement rappeler qu’il existe ici aussi, et pas seulement en Amérique latine, des entreprises autogérées, que leur souci premier n’est pas la crainte de se faire avaler par le marché mais de trouver, au quotidien, des solutions au poids des fondateurs, de travailler vraiment horizontalement, sans hiérarchie, malgré les spécialisations de fait et les appétences… Ce n’est d’ailleurs pas si difficile que cela à réaliser. Il n’est pas difficile non plus de les rencontrer : il y en a forcément une ou plusieurs pas très loin de chez vous. Les entreprises autogérées existent en France, dans tous les domaines de la production, de la scierie à la rédaction en passant par le travail social ou l’agriculture.

Vous évoquiez, au cours des échanges avec la salle, l’Amérique latine où un véritable champ « autogestionnaire » était en constitution, mêlant expérimentations pratiques et travail théorique des intellectuels. Il pourrait en être de même en France, si, notamment, les intellectuels du PC se saisissaient plus ouvertement de la question. M. Decaillot dans sa seconde intervention suggérait la nécessité de cultiver l’esprit autogestionnaire. Les militants PCF, les syndicalistes, croisent tous les jours, dans le cadre de leurs activités professionnelles, des jeunes ne souhaitant ni devenir des petits patrons ni s’aliéner à l’usine. Le refus de parvenir, l’émancipation collective furent longtemps au cœur du projet des bourses du travail. Avec ses modestes moyens, le PC pourrait relancer cette perspective aujourd’hui, participer à la création de lieux d’éducation à l’autogestion.
Une réflexion sur l’égalité salariale, le dépassement des inégalités statutaires et de la spécialisation / cloisonnement des tâches complèterait utilement celle des intellectuels du PC sur la réorientation du crédit, le rôle des banques et la nécessaire reconquête des pouvoirs publics.

Très cordialement

La Scop la Péniche »

Les idées reçues sur l’autogestion

Je me disais qu’une FAQ, facilement accessible depuis la page d’accueil, serait pas mal, en premier lieu sur les idées reçues les plus communes concernant l’autogestion, comme si on répondait à un journaliste qui jouerait au con, du genre :

Je me disais qu’une FAQ, facilement accessible depuis la page d’accueil, serait pas mal, en premier lieu sur les idées reçues les plus communes concernant l’autogestion, comme si on répondait à un journaliste qui jouerait au con, du genre :

 autogestion = secte : non, dans une secte il y a un gourou, puis « autogestion » en veut pas dire forcément communauté de vie …

 autogestion = pas de pognon : disons qu’à titre individuel, y’en a moins que si on est patron ou cadre d’une grosse boite. Mais si tout dépend en la matière de la nature de l’activité et des « conditions du marché », le salaire des boites du réseau REPAS sont autour du salaire médian. Ce qui est bien, l’appât du gain, l’envie de parvenir comptant au nombre de nos anti-valeurs.

 autogestion = échec obligé : rappeler les chiffres de faillites des boites normales et des expériences autogestionnaire inoxydables ; rappeler qu’il s’agit d’une aventure humaine et qu’à ce titre elle est faillible mais que rien n’empêche de recommencer ensuite.

 autogestion = ramassis d’attardés névrosés gauchistes impénitents nihilistes : Il y a de tout dans le milieu, des 68tard, des protestants, des anar pur et durs, des gens qui ne comptent pas leurs heures et d’autres qui font ça pour ne pas trop bosser…

 autogestion = artisanat : on peut être super pro de manière coopérative…

 autogestion = copinage : pas facile d’y entrer: oui, autogestion = copinage, on est égaux. Reste le vrai problème de recrutement : les réseaux individuels y sont pour beaucoup, peu de candidatures spontanées, pas facile de venir de « l’extérieur ». pourtant c’est possible, aussi bien de l’organiser dans une petite structure, que d’aller spontanément taper à la porte d’un collectif s’il est incontournable localement.

 coopérative =autogestion : non ! on peut être en SARL et être autogéré, sans compter que le statut coopératif (et le gros des troupes du mouvement scop, à commencer par ses représentants qui ont d’abandonné y’a peu l’objectif « irréaliste », « d’émancipation des travailleurs »…) ne garantit en rien l’absence de chef et de hiérarchie salariale. Les Scop présentent certes en général une échelle de salaire ramassée, garantissent la participation des salariés à la boite, mais s’accommodent très bien de la hiérarchie et des réformes libérales en cours… C’est un très vieux débat : en 1900, déjà, Alfred Picard, commissaire général de l’Exposition universelle de Paris, à laquelle participent les associations ouvrières de production dans un Palais de l’économie sociale, résumait ainsi la diversité des Associations ouvrières de production : « Les unes confinent au collectivisme, d’autres se rapprochent du capitalisme en émettant des actions dont la majorité est possédée par des personnes extérieures à l’association ; à côté d’organismes égalitaires, on trouve des organisations semi-patronales dont le directeur reçoit une rémunération considérable. »
(Aux racines de la CG Scop – Participer n°604, mars-avril 2004)

Cette idée de FAQ vaut elle la peine d’être creusée ?

L’autogestion et le syndicalisme

Les entreprises autogérées sont une dimension ultra minoritaire de ce qu’il est convenu d’appeler l’« économie sociale et solidaire ». Cette dernière se laisse difficilement enfermée dans une définition. Une possibilité est de la définir par opposition à « l’économie classique », en ce que cela suppose d’investissement sur des secteurs moins ou pas lucratifs sinon de manières différentes de concevoir et l’organisation du travail et le rapport qu’on y entretient (plus « démocratique », plus grande redistribution des tâches et des richesses etc.). En un mot vague, l’économie sociale et solidaire est une économie non pas centrée sur le profit, mais sur l’homme.

Les entreprises autogérées sont une dimension ultra minoritaire de ce qu’il est convenu d’appeler l’« économie sociale et solidaire ». Cette dernière se laisse difficilement enfermée dans une définition. Une possibilité est de la définir par opposition à « l’économie classique », en ce que cela suppose d’investissement sur des secteurs moins ou pas lucratifs sinon de manières différentes de concevoir et l’organisation du travail et le rapport qu’on y entretient (plus « démocratique », plus grande redistribution des tâches et des richesses etc.). En un mot vague, l’économie sociale et solidaire est une économie non pas centrée sur le profit, mais sur l’homme.

Le syndicalisme a joué et joue encore un rôle primordial dans l’économie dominante. Qu’en est-il du rôle du syndicalisme dans « l’économie sociale et solidaire », et en l’espèce dans sa partie marginale, les entreprises autogérées ? Présentation liminaire d’une réflexion menée autour de cette question par une entreprise autogérée, La Péniche.

Les syndicats comme institution sociale

Deux dimensions sont à distinguer. Un syndicat de salariés est un regroupement des salariés au sein d’une entreprise pour défendre leurs intérêts propres. Leur première fonction est donc « interne » à l’entreprise.

Par ailleurs, ces syndicats se rassemblent en de vastes confédérations, par branche d’activité et ces branches entre elles. A ce titre, les syndicats ont une fonction dans l’organisation de la société : gestion paritaire des organismes sociaux, représentation quasi politique des salariés dans les instances officielles, dans l’élaboration des droits social et du travail etc. Cela est vrai au moins depuis la première mondiale, a fortiori depuis la seconde. Dans ce cas, l’adhésion à un syndicat a un rôle dans le fonctionnement de la société globale. On l’appellera la fonction « globale du syndicat ».

L’entreprise autogérée et la fonction « interne » du syndicat

Une entreprise autogérée est une entreprise où la hiérarchie du pouvoir, des salaires, des fonctions, est au moins remise en question, sinon totalement supprimée. Surtout, une entreprise autogérée appartient a priori à ceux qui y travaillent ; ils sont donc à la fois salariés et patrons. Si ce n’était pas le cas, seule la question de la cogestion pourrait se poser et alors, bien entendu, les syndicats ne pourraient qu’y avoir leur place.

Ainsi, on peut considérer que dans entreprise autogérée il n’y a pas besoin d’un syndicat. Tout salarié étant également patron, il y aurait une certaine schizophrénie à vouloir séparer les intérêts propres aux salariés et les intérêts propres aux patrons.

L’autogestion patronale et autogestion salariale

En réalité, l’autogestion est une construction, un processus et toutes les entreprises autogérées ne sont pas les mêmes. Entre élire ses dirigeants et ne pas en avoir, il y a beaucoup de différence. Si l’on suppose qu’il y a besoin de dirigeants (même élus), c’est qu’on suppose qu’il peut y avoir des intérêts radicalement contradictoires entre l’entreprise et ses salariés. Si l’entreprise a besoin d’un “ chef ” pour défendre ses intérêts, alors les salariés ont besoin d’un syndicat pour défendre les leurs.

Par ailleurs, même dans le cadre d’une entreprise “ intégralement autogérée ”, une question se pose : a-t-on autogéré dans le sens du patronat ou dans le sens du salariat ? Cas limite : que penser d’une entreprise autogérée qui paierait ses salariés au minimum du point de vue des salaires et qui distribuerait à ces mêmes personnes, en tant qu’actionnaires, un maximum de dividendes ?

Cette interrogation vaut à tout moment de la vie de l’entreprise autogérée. Faut-il privilégier la rentabilité ? au profit de qui ? Quelle protection sociale ? à quel prix ? quel choix collectif à tout moment ?

Sortir de la schizophrénie

L’entreprise autogérée se situe dans une société qui ne l’est pas. Quand bien même elle le serait, cette société succéderait à une autre qui ne l’était pas. Il faut donc toujours penser les choses en termes de processus. Tout n’est pas résolu sous prétexte qu’on a répondu à une première question (celle de la propriété des moyens de production). Bien au contraire, c’est à partir de là qu’il faut inventer de nouvelles manières de gérer en s’interrogeant constamment sur le fait de savoir si l’on prend les bonnes directions ou si l’on se fait piéger par nos idéologies diverses.

Reste à savoir si la bonne méthode pour résoudre ces difficiles questions est celle de reconstituer au sein des entreprises autogérées des distinctions que, par définition, le projet veut faire disparaître. Créer des syndicats, c’est institutionnaliser des intérêts contradictoires. Est-ce la meilleure manière de les amener à disparaître ? Peut-on inventer autre chose ?

Retour sur la fonction globale du syndicat

On peut se demander si les syndicats n’auraient pas un rôle central à jouer dans une transformation autogestionnaire de la société. Comme évoqué plus haut, ils seraient peut-être chargés de veiller à ce que l’évolution vers une société autogérée se fasse vers une société de salariés autogérés et non vers une société de patrons autogérés. Ils pourraient être en quelque sorte les meilleurs garants que ce sont toujours les intérêts collectifs, sociaux, des personnes qui sont promus plus que leurs intérêts personnels.

Dans ce cas, au sein d’une entreprise autogérée, l’adhésion à un syndicat a un rôle dans le fonctionnement de la société globale. Encore faudrait-il que ce syndicat ne soit ni un syndicat patronal ni un syndicat de salariés. Autrement dit que ce soit un syndicat d’entreprise autogestionnaire. Et celui-ci reste à créer.

Un syndicat autogestionnaire ?

Que pourrait-être un syndicat autogestionnaire ? quelles implications dans la vie de l’entreprise ? En interne, le syndicat regrouperait tous les membres de la structure autogérée, tant il est vrai que, par définition, ils ne s’opposent pas en classes antagonistes. L’intérêt d’un tel syndicat résiderait alors dans sa fonction sociale globale. Comme les syndicats de salariés actuels, ces syndicats se structureraient à une plus grande échelle, pour y porter les intérêts et les valeurs de l’autogestion. Ce seraient des lieux d’échanges, d’information, d’entraide pour l’extension d’une autre forme d’organisation du travail qui représente bien à nos yeux une voie alternative, promesse d’une sortie émancipatrice de la lutte de classe assassine.